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Zones touristiques dans Paris ou la théorie des dominos

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Zones touristiques dans Paris ou la théorie des dominos


Près de 30 millions de visiteurs par an : Paris, cela ne fait aucun doute, est une ville touristique. 150.000 emplois y sont directement liés au tourisme : faut-il, pour autant, multiplier les «zones touristiques» qui permettent d’ouvrir les magasins tous les dimanches ?

Le «Canepa» remis au ministre du travail en novembre 2009 fait un raisonnement simple : les touristes asiatiques sont de plus en plus nombreux et l’une de leurs premières motivations est le shopping. Or, si la France est la première destination touristique au monde, elle n’occupe que la troisième place pour les dépenses effectuées par les touristes. Il faudrait donc redéfinir les zones touristiques dans la capitale.

Ce rapport, fortement orienté par les revendications des grands noms de la distribution, est une énième «démonstration» aux fondements prétendument économiques qui conclut à l’ouverture nécessaire des magasins le dimanche, pour le bien de tous.

Il oublie, cependant, de répondre à des questions essentielles : pourquoi la dépense moyenne est-elle plus faible en France qu’en Espagne ? En quoi est-ce lié aux horaires d’ouverture des magasins ? En quoi l’augmentation des horaires d’ouverture des uns ne va-t-elle pas plomber le chiffre d’affaires des autres ? Quelles répercussions pour les riverains ? Quelles conséquences pour les salariés directement concernés et pour ceux des autres professions ?

Toutes choses que le rapport Canepa se garde bien d’aborder et pour cause ! Ceux qui poussent le plus à la roue pour obtenir une «redéfinition» (euphémisme pour ne pas dire «augmentation») des zones touristiques sont les patrons des grands groupes de distribution.

Eux seuls y trouvent leur compte : les patrons des petits commerces ne pourront jamais ouvrir 7 jours sur 7 et vont perdre une partie de leur clientèle. Les commerces des zones limitrophes seront soumis à une concurrence déloyale que seules les entreprises ayant des établissements dans et hors de la zone touristique pourront supporter. Enfin, dans les zones touristiques, les salaires ne sont pas obligatoirement majorés.

Ce n’est donc certainement pas l’emploi qui tirera partie d’une telle déréglementation, ni en nombre, ni en qualité.

Pire encore : sous couvert d’une politique intelligente et limitée, guidée par le «modernisme» et l’esprit d’anticipation, c’est une capitale ouverte 7 jours sur 7, 24h sur 24 qui se dessine. Tout découpage touristique-non touristique est forcément arbitraire dans Paris. Et c’est ce caractère arbitraire qui conduira demain, à exiger que de nouveaux quartiers soient déclarés «touristiques».

Cette remise en question du repos dominical obligatoire par des exceptions qui n’ont cessé de se multiplier depuis 1993 génère par elle-même les distorsions qui servent par la suite pour justifier... de nouvelles exceptions !

La Loi Mallié du 10 août 2009 avait été précédée d’une préparation politique orchestrée par Nicolas Sarkozy lui-même qui s’offusquait que «le trottoir de gauche des Champs Elysées soit autorisé à ouvrir quand le trottoir de droite ne l’est pas» ce qui, au demeurant, était totalement faux.

Les rythmes de travail et de repos dans la capitale sont d’abord l’affaire des salariés. C’est pour cela que la CGT exige des négociations qui règlent la question des horaires dans les commerces, pour que la concurrence ne se fasse plus sur le dos des salariés.

Karl Ghazi



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