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A Paris, Clic-P organise la résistance

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A Paris, Clic-P organise la résistance


FRÉDÉRIQUE ROUSSEL 30 SEPTEMBRE 2013

L’intersyndicale monte au front contre la loi Mallié.

«Pourquoi se retrouve-t-on en première ligne ?» La question d’un syndicaliste fuse à la sortie du tribunal de grande instance de Paris, vendredi. La scène est surréaliste : une centaine de salariés de Sephora ont assigné en référé l’intersyndicale du commerce parisien, le Clic-P (CGT, CFDT, FO, SUD, CGC, SECI). Ils lui reprochent d’avoir obtenu en appel, lundi 23 septembre, la fermeture de l’enseigne des Champs-Elysées après 21 heures. Salariés contre syndicats ? L’image paraît contre-nature. D’autant que les premiers sont défendus par l’avocat choisi par LVMH, maison mère de Sephora.

Au prétoire, la juge des référés se frotte les yeux, la pupille interrogative vers les salariés mécontents : «Je ne comprends pas bien ce que vous me demandez. De suspendre une décision de la cour d’appel ?»

C’était un «bon exercice de pédagogie du droit, philosophe Karl Gahzi, membre de la CGT et pilier du Clic-P. On confond tout : l’intérêt collectif, l’intérêt individuel et l’intérêt général. Si une centaine de personnes défilent devant le ministère de l’Intérieur pour pouvoir rouler à 200 km/h sur l’autoroute, il faut plier ?» Le délibéré, attendu vendredi, devrait tenir du coup d’épée dans l’eau.

Le travail de nuit constitue le nouveau cheval de bataille du Clic-P, avec le travail dominical. Avant Sephora, qui se pourvoit en cassation, ils ont fait condamner les Galeries Lafayette et Uniqlo, le 5 juin. Cette intersyndicale, fondée le 25 février 2010, dans la foulée de la loi Mallié (qui a étendu les champs de dérogation pour le travail dominical) et de la table ronde organisée sur le sujet par le maire de Paris, veut éviter que sa ville ne devienne un vaste supermarché ouvert 24 heures sur 24.

Rares sont les alliances aussi pérennes dans le paysage syndical. Depuis plus de trois ans, le Clic-P bataille ferme, principalement par la voie judiciaire. «Nous nous sommes d’abord attaqués aux supérettes parisiennes - où la loi Mallié a fait tomber les digues - en collectant les tickets émis le dimanche après 13 heures et le lundi», retrace Laurent Degousée, de SUD. Il assure aussi, via un avocat, une présence systématique au tribunal de police où elle se porte partie civile à chaque fois que l’inspection du travail signale un commerçant qui ne respecte pas la fermeture hebdomadaire. Objectif : réclamer des dommages et intérêts pour alourdir la note, les contraventions étant insuffisamment dissuasives.

On reproche ainsi aux syndicats de s’enrichir ? «Faux, répond Eric Scherrer, dont le syndicat SECI a été exclu en juin de la CFTC et qui a rejoint l’Unsa vendredi. Toutes les entreprises que nous avons poursuivies ont exécuté les décisions de justice.»

Pour Vincent Lecourt, avocat du Clic-P : «On travaille avec peu de moyens et on demande simplement le respect de la loi.» Sephora a huit jours à partir de la notification judiciaire pour fermer à 21 heures. «Seulement 37 salariés sont concernés par le travail régulier de nuit sur 160 salariés Sephora dans le magasin et sur 4 000 au total, précise Laurent Degousée. Il faudrait ramener cette agitation à de justes proportions.»

Frédérique ROUSSEL


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