Aller au contenu

Menu principal:


La lettre ouverte des pompiers de la gare d'Austerlitz

Archives > 2011 > Prévention sécurité 2011

Lettre ouverte aux Groupes Politiques de l’assemblée nationale et du sénat, aux Organisations Syndicales, aux travailleurs de la sécurité incendie des gares parisiennes et de Paris

Paris le 06 décembre 2011

Mesdames, messieurs

Nous sommes les salariés de la société LANCRY protection sécurité titulaires d’un SSIAP (Service Sécurité Incendie d’Assistance à Personnes) et sapeurs-pompiers volontaires départementaux, en grève sur la gare d’Austerlitz depuis le lundi 03 octobre 2011.

Nous, salariés de cette entreprise sous-traitante de la SNCF, nous tenons à vous informer de la situation difficile que nous rencontrons, situation due à l’irresponsabilité de notre employeur.

En grève pour nos salaires, nos conditions de travail et pour nos horaires de travail, nous subissons au quotidien des accusations mensongères de la part de notre employeur et de l’entreprise donneuse d’ordre la SNCF.

Depuis le début de notre mouvement, nous avons tenté d’avoir des négociations sérieuses
qui à ce jour n’ont pas abouti, par le simple fait que notre direction conditionne la négociation aux changements de cycles horaires.

C’est ce blocage qui nous oppose à notre employeur, qui n’a pas la volonté de négocier en dehors de ce cadre.

A ce jour nous travaillons 24 heures continues, puis nous nous reposons 96 heures. Depuis le début de notre mouvement, la société veut nous imposer un cycle de 12 heures sur 3 jours, puis deux jours de repos. Ce cycle est: période nuits/ repos/période jours/ repos etc… Ce cycle cours est plus pénible que celui de 24 heures. Quant à l’application du code du
travail, celle-ci préconise l’organisation du travail en 3X8 heures (journées de 10h, soirée de 10h, nuits de 8h) ce qui est pire encore.

Pour nous, ce cycle de 24h continues de travail semble le plus adapté à ce métier atypique pour accomplir nos missions.

Nous sommes sapeurs-pompiers volontaires, nous travaillons dans nos centres de secours en vacations de 24 h. C’est la SNCF qui exige des pompiers dans les gares pour assurer la sécurité de ses personnels et des usagers. Nous vous rappelons que le nombre de sapeurs-pompiers volontaires diminue dans notre pays. C’est une dérogation accordée par la Direction de la Sécurité Civile, qui nous permet de travailler dans des sociétés privées et de faire nos gardes dans les centres de secours
.
La convention collective N° 3196 à laquelle nous sommes rattachés, ne correspond pas à nos métiers et ne reconnait pas la spécificité de ceux-ci. De plus elle tire nos conditions de travail et salariales vers le bas.

Nous sommes formés avec l’argent public, de par notre appartenance à la Direction de la Sécurité Civile. Les entreprises privées qui nous emploient dans différents secteurs (hôpitaux, tours de grande hauteur, centrales nucléaires etc…) ne reconnaissent pas nos formations et diplômes, par contre elles s’en servent de vitrines pour gagner des marchés. Est-ce normal quand nos élus politiques affirment dans ces temps d’austérité, qu’il faut mieux gérer l’argent public.

Dans un même temps,
le lobby des entreprises multi-services se redéploie pour gagner des marchés, en ne respectant pas la loi 1983-629 du 12 juillet 1983 qui interdit la multi-activité. Cette loi interdit le cumul d'une activité de sécurité privée avec une activité non liée à la sécurité privée, une société agréée dans le sens de la loi de 83 n'aurait jamais dû pouvoir proposer de sécurité incendie. En clair, une entreprise qui fait de la sécurité ou du transport de fonds, ne peut pas faire de la sécurité incendie. Une loi qui justifie la création d’une convention collective des personnels de la sécurité incendie.

Depuis la promulgation de cette loi, les autorités compétentes ne font pas respecter cette loi, ce sont les lobbys qui dirigent notre pays. En effet, malgré l’interdiction du cumul d’activités imposées clairement par les textes, des sociétés entrainées par les lobbyistes que sont le Syndicat National des Entreprises de Sécurité (SNES) et l’Union des Entreprises de Sécurité Privée (USP) accompagnés par l’Union Acteurs de Formation en Sécurité (UNAFOS)refusent d’appliquer la loi en vigueur.

Ils ont même été jusqu’à faire une lettre
ouverte au Ministre de l’intérieur afin de jeter le discrédit sur les prises de position du Bureau de Police Administrative (Ministère de l’intérieur) qui, à de nombreuses reprises, a rappelé aux sociétés de sécurité privées qu’elles ne peuvent pas proposer de prestations de sécurité incendie sauf si celles-ci se spécialisent et n’effectuent que cette prestation.

La sécurité incendie n'entre pas dans le cadre de la loi sur la sécurité privée


Dès aujourd’hui,
des négociations nationales tripartites (gouvernement/organisations syndicales/orga- nisations patronales) doivent s’engager sur:

  • Le travail en garde de 24h continues du fait d’une situation atypique,


  • Le respect de la loi de 1983-629 sur le cumul d'une activité de sécurité privée avec une activité non liée à la sécurité privée et son application immédiate par les employeurs.


  • La création d’une convention collective sécurité incendie qui s’appliquerait aux entreprises spécialisées sécurité incendie, conformément aux dispositions légales. La reconnaissance des diplômes des pompiers, le paiement au quotient validant cette formation et financer par ces entreprises privées.


Notre action est soutenue par la CGT, nous agissons pour exiger la reconnaissance de nos diplômes par une augmentation des coefficients de notation. Ce qui ferait une augmentation salariale pour les agents de 150€ (Coef 175) et les chefs d’équipes de 200€ (coef 210).

Les syndicats CGT cheminots exigent de la SNCF, des contrats «cadre» avec les mêmes coefficients sur toutes les gares parisiennes. Cette revendication évite la politique du «moins disant social» et impose une garantie salariale aux salariés des entreprises sous-traitantes.

La société Lancry prétend que nos représentants syndicaux (CGT) refusent de négocier et de faire évoluer nos propositions. Nous vous informons que c’est faux. Dès le début des négociations, nous avons proposé une augmentation au moins du niveau du coefficient 150 (100€) et 160 (150€), de plus, nous avons concédé le changement d’horaires à notre employeur (embauche à 12h, débauche le lendemain à 12h). Nous vous informons que toutes les évolutions de nos propositions portées par nos représentants, sont faites avec notre accord.

Dans un même temps, ceux-ci tiennent informés l’inspection du travail sur les propositions et l’évolution de la situation, L’inspection du travail a initié une médiation, sans effet à ce jour, du fait du blocage par notre direction qui conditionne la négociation salariale au changement de nos cycles horaires en 24h continues, en 12h continues de travail.

Nous avons toujours revendiqué sur les horaires d’embauches, du fait de l’éloignement de nos lieux d’habitation et non sur les cycles de travail.

A ce jour, la direction de la société Lancry nous présente ses propositions salariales:
2% d’augmentation de salaire brut (23€) et 2% d’augmentation net de la prime de transport (30€), du fait que nous aurions plus de trajets à faire. Nous jugeons ces propositions insuffisantes. La société Lancry peut payer nos revendications, au regard des bénéfices qu’elle fait d’année en année. Cette somme équivaut à 50€ annuels, cotisations sociales patronales incluses.

Mesdames, Messieurs nous faisons appel à votre responsabilité pour que cette situation change rapidement et que nous puissions effectuer nos missions et notre travail dans de bonnes conditions.

Mesdames, Messieurs, veuillez agréer, l’expression de nos sincères salutations.


Les grévistes de la gare d’Austerlitz.


Retourner au contenu | Retourner au menu