Aller au contenu

Menu principal:


Pour racheter Monoprix, Casino s'engage à céder 55 magasins à Paris

Espace presse

Pour racheter Monoprix, Casino s'engage à céder 55 magasins à Paris


Source : LE MONDE_10.07.2013
Par Isabelle Chaperon

Jean-Charles Naouri, le patron de Casino, peut respirer. Il va enfin mettre la main sur les 50 % du groupe Monoprix, qui ne lui appartenaient pas. Le rachat de la participation des Galeries Lafayette, conclu pour 1,2 milliard d'euros en 2012, a reçu, mercredi 10 juillet, le feu vert de l'Autorité de la concurrence. Au prix d'importantes concessions.

Le distributeur stéphanois s'est engagé à céder 58 magasins, dont 55 à Paris intra-muros, où Casino est très présent par l'intermédiaire notamment de son enseigne Franprix. L'acquéreur devra également se séparer de deux magasins à Bastia et un à Saint-Tropez (Var).

En ajoutant la centaine de Monop' et Monoprix à ses 367 Franprix, Leader Price, Petit Casino ou Spar, le groupe Casino était sur le point de capter des parts de marché supérieures à 50 % dans de nombreux quartiers parisiens, a jugé le gendarme de la concurrence : très exactement 47 "zones de chalandise", allant de l'avenue de l'Opéra dans le 1er arrondissement au boulevard Arago dans le 13e, risquaient une mainmise sans partage sur le commerce alimentaire. Le 15e étant le quartier le plus concerné.

C'est loin d'être une surprise. A la demande de la Ville de Paris, inquiète d'une offre trop concentrée, l'Autorité de la concurrence avait déjà constaté, dans un avis publié en janvier 2012, à quel point le groupe Casino dominait le commerce alimentaire parisien. Un marché pesant tout de même 3,7 milliards d'euros.

"RENFORCEMENT DE LA CONCURRENCE"

En particulier, l'Autorité estimait alors que, ensemble, Casino et Monoprix captaient une part de marché supérieure à 80 % dans dix quartiers parisiens.
"Dans le cas du marché parisien, la vente de certains magasins du groupe Casino à ses concurrents serait de nature à permettre un renforcement de la concurrence", plaidait déjà le gendarme.

Mais, à l'époque, il ne s'agissait que d'un avis. Et Casino, qui ne détenait que 50 % de Monoprix, se livrait avec son "cousin" à une vraie bataille sur le terrain.

C'est pourquoi, saisie cette fois dans le cadre de la procédure sur les concentrations, l'Autorité, présidée par Bruno Lasserre, avait prévenu en mars qu'elle avait des
"doutes sérieux" sur ce rapprochement. Depuis, elle s'est livrée à des comptes d'épicier afin d'analyser, zone par zone, les ressorts du commerce alimentaire en région parisienne.

Casino plaidait bien sûr pour une définition la plus large possible d'un marché de référence s'étendant à l'ensemble des dépenses alimentaires et incluant les magasins spécialisés comme les surgelés Picard ou les vins Nicolas, voire les marchés parisiens. Cette approche n'a pas été retenue par les sages de la rue de l'Echelle. En revanche, ils ont pondéré l'attraction des hypermarchés de banlieue, pour les familles habitant les quartiers limitrophes du périphérique.

Au total, afin de récupérer les 50 % du groupe Monoprix qu'il ne détenait pas, le distributeur va devoir se défaire, ou résilier les contrats d'affiliation, de l'équivalent de la moitié des magasins parisiens du groupe Monoprix.
"Ces mesures permettront le maintien d'une situation concurrentielle équilibrée en limitant la position de Casino à une surface qui n'excède pas 50 % de part de marché ou en supprimant l'addition des parts de marché engendrée par l'acquisition de Monoprix", souligne l'antitrust.

BELLE OPPORTUNITÉ POUR CARREFOUR

A première vue, pour Casino, la facture peut paraître salée. Le groupe aura toutefois toute latitude pour faire le tri parmi ses propres points de vente afin d' abandonner les moins rentables, et pourra céder aussi bien des supérettes Franprix que des Daily Monop'. Surtout, Casino n'aura pas à vendre les joyaux de la couronne, les grands Monoprix, qui pèsent beaucoup plus en termes de chiffre d'affaires et dont l'offre excède le seul commerce alimentaire.

Ces désengagements constituent une belle opportunité pour Carrefour, numéro deux à Paris. Le groupe dirigé par Georges Plassat dispose d'un beau trésor de guerre pour conduire des acquisitions. Mais il pourrait bien trouver sur sa route les groupements indépendants, comme Intermarché ou Système U, qui n'ont pas réussi leur percée à Paris. A travers le rachat de Telemarket, Système U avait bien tenté de s' implanter dans la capitale. En vain.

Tout à leur course aux implantations sur les hypermarchés, la plupart des concurrents avaient en effet laissé à Casino une longueur d'avance dans sa stratégie de déploiement des magasins de proximité.
"Le groupe Casino a continué d' investir pour ouvrir de nouveaux magasins, rénover les points de vente existants (4 % du chiffre d'affaires de Casino y étant consacré chaque année) et adapter son modèle commercial à la demande (différenciation des enseignes, élargissement des horaires d'ouverture, etc.)", avait souligné l'Autorité de la concurrence en 2012 avant de saluer : "La réussite du groupe Casino peut donc être imputée à sa stratégie et à ses mérites propres."

La crise des hypers, délaissés par des ménages soucieux d'économiser temps et essence, a donné raison à M. Naouri. Sans doute un peu trop. Le voilà obligé de partager une partie de ses possessions, à Paris.



Retourner au contenu | Retourner au menu