Aller au contenu

Menu principal:


Carrefour: les employés lassés d'encaisser

Archives > 2011 > Commerce 2011

Carrefour: les employés
lassés d’encaisser

Emploi, salaires, stratégie : les syndicats dénoncent les aberrations.

Par LUC PEILLON
21/06/2011

Difficile de positiver pour les salariés de Carrefour. A la veille de l’assemblée générale des actionnaires, et quatre ans après l’arrivée du duo LVMH-Colony Capital à la tête du groupe, les syndicats du distributeur sont unanimement remontés contre les projets de la direction. Pour la première fois, ils voteront aujourd’hui contre l’ensemble des résolutions soumises au vote par le conseil d’administration. «On n’a plus du tout confiance en eux, rapporte Michel Enguelz, syndicaliste FO, qui représentera les salariés actionnaires (2%) à l’AG. Ils ont trompé tout le monde, des employés aux fournisseurs, en passant par les franchisés.»

«Requins». Principal reproche : «Avoir réussi à faire perdre la moitié de sa valeur à l’action.» Un «tour de force» conduisant aujourd’hui le groupe à devoir vendre sa filiale hard discount Dia pour se refaire financièrement, au risque, s’alarment les syndicats, de fragiliser l’entreprise. «Il n’y a plus de capitaine, mais juste deux actionnaires qui veulent retrouver leur mise de départ, s’énerve Serge Corfa, délégué CFDT. Ce ne sont pas des entrepreneurs qui veulent développer la société, mais juste deux requins qui se sont plantés.» Car l’argent récupéré par la vente de Dia, protestent les syndicats, «ne servira pas à renflouer l’entreprise, mais à faire grossir les bas de laine de LVMH et de Colony Capital». Quant aux 45 000 salariés de Dia (10% des effectifs mondiaux de Carrefour), «ils sont jetés en pâture aux prédateurs financiers». Autres inquiétudes des représentants des salariés : le rachat d’actions par l’entreprise, «au détriment de la relance de la société», et le projet, en sommeil mais pas enterré, de vendre l’immobilier du groupe. «Une immense bêtise qui pourrait finir, à terme, par coûter plus cher à Carrefour que ce que l’opération pourrait lui rapporter», regrette Serge Corfa.

Ces opérations de gestion contestées interviennent également dans un climat social particulièrement tendu. Jamais, selon la CGT, l’ensemble des entités du groupe ne se sont mises en grève comme ces derniers mois. Depuis avril, les salariés des hypers, suivis par ceux de la logistique, puis par les employés des supermarchés, ont tour à tour cessé le travail pour des augmentations de salaire. Parallèlement, la direction inquiète par ses expérimentations sur le travail de nuit couplé à la taylorisation des tâches, rendant
«le boulot d’autant plus pénible et inintéressant», estime FO. «Le tout avec moins de personnel puisque le groupe ne cesse de supprimer des emplois, dénonce Claudette Montoya, de la CGT. Pour les seuls hypermarchés en France, près de 10 000 emplois sur 76 000 ont été supprimés en trois ans.»

Justice. Carrefour, enfin, ne cesse de collectionner les décisions de justice défavorables sur le Smic, auquel elle a indûment intégré la rémunération du temps de pause. Une cascade de problèmes sociaux au sein du premier employeur privé de France, auquel les syndicats aimeraient désormais que les députés s’intéressent. Excédés, ils espèrent rassembler aujourd’hui entre 500 et 1 000 salariés devant les portes de l’Assemblée générale des actionnaires.


Retourner au contenu | Retourner au menu