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Les vigiles sans papiers de la grande distribution

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SÉCURITÉ.

Les vigiles sans papiers
de la grande distribution

L'inspection du travail enquête sur les pratiques d'une société privée qui assure la sécurité dans de nombreuses grandes surfaces d'Ile-de-France. Un cas qui illustre les nombreuses dérives de ce secteur

Nicolas Jacquard | 11.01.2011

Pour la première fois, le nombre d’agents privés de sécurité en France pourrait dépasser, cette année, celui des fonctionnaires intervenant dans ce même secteur. Gardiennage des tribunaux ou de sites militaires, transfert des détenus, surveillance des prisonniers hospitalisés, fourrières et même contrôles d’alcoolémie aux côtés des policiers: de plus en plus de tâches dites «régaliennes» sont ou vont être confiées par l’Etat à des sociétés privées, faute de moyens suffisants pour les assurer.

Éliminer les mauvaises pratiques

Pourtant, le secteur de la sécurité privée en France est loin d’être suffisamment organisé pour assurer de telles missions. Fin 2009, le décès d’un homme tué par les vigiles d’un hypermarché Carrefour, à Lyon, avait mis en lumière de graves carences professionnelles. Quant au reportage diffusé la semaine dernière dans «Envoyé spécial» sur France 2, il décrivait par le menu les défaillances des agents chargés de la sécurité aéroportuaire.

Avec le fonctionnement de MD Sécurité Privée (MDSP), une société parisienne qui emploie, en direct ou à travers ses sous-traitants, près de 700 personnes, «le Parisien»- «Aujourd'hui en France» lève un coin du voile sur les pratiques d’une société suspectée d’employer des vigiles sans papiers et de frauder l’Urssaf ou les Assedic. Actuellement dans le collimateur de l’inspection du travail, cette entreprise, dont le directeur commercial dit être un ancien du GIGN, assure la surveillance de nombreuses enseignes de la grande distribution en Ile-de-France. Plusieurs ex-salariés de MDSP ont décidé de briser la loi du silence pour dénoncer ce qu’ils décrivent comme «une mafia» qui a fait, selon eux, de «l’esclavage moderne» la base de son fonctionnement.

Dans ce contexte, Claude Tarlet, le président de l’Union des entreprises de sécurité privée (UESP) reconnaît que «20% du marché est sauvage. Il y a beaucoup trop de dérives». Pour faire «le ménage», l’Etat a donc nommé un délégué ministériel à la Sécurité et met actuellement sur pied un Conseil national qui opérera à partir du 1er janvier prochain. «Faute de moyens, l’Etat ne peut assurer seul notre contrôle», reprend Claude Tarlet. La profession va donc créer un agrément qui devrait permettre d’éliminer les mauvaises pratiques afin de mettre en place sur de meilleures bases la «coproduction de la sécurité» public-privé chère à Nicolas Sarkozy.

Le Parisien


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