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La précarité de l'emploi, grande gagnante de la sortie de crise

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La précarité de l’emploi, grande gagnante de la sortie de crise

La baisse du chômage attendue aujourd’hui est due majoritairement à des contrats de courte durée.

Par LUC PEILLON

Les chiffres du chômage, dévoilés aujourd’hui, devraient être sans surprise. Pour le quatrième mois de suite, le gouvernement s’attend à une baisse du nombre de demandeurs d’emploi. Une bonne nouvelle, assurément, mais qui est (très) loin de rattraper le retard pris par le marché du travail au cours de la crise. Les créations d’emploi dans le secteur marchand, reparties à la hausse depuis un an et demi, n’ont ainsi compensé qu’un tiers des destructions liées à la crise. Après 560 000 emplois détruits entre début 2008 et le troisième trimestre 2009, seuls 184 400 ont été recréés depuis. Et comme la population active a augmenté entre-temps, ce faible rythme de création d’emplois n’a pas permis d’assécher le nombre de sans-emploi dans les mêmes proportions. Ainsi, seuls 6% du nombre de chômeurs liés à la crise a été résorbé. Soit 42 500, depuis quatre mois, sur les 738 400 nouveaux demandeurs d’emploi apparus depuis avril 2008.

Vases communicants. Et encore, il ne s’agit que des chômeurs inscrits en catégorie A, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas du tout travaillé. Car, en incluant les deux autres catégories (B et C, qui regroupent les chômeurs ayant exercé une activité réduite), le chômage, depuis deux ans et demi, n’a pas baissé… Aujourd’hui encore, ces deux catégories devront être scrutées à la loupe. Le mois dernier, la forte baisse en catégorie A n’avait ainsi pas permis de compenser les hausses des deux autres catégories. Par un effet de vases communicants, les chômeurs sont ainsi passés d’une catégorie à l’autre, d’une absence totale de travail à un travail à temps réduit, voire très réduit pour certains. Cette tendance, qui traduit une reprise de l’emploi via la précarité, devrait d’ailleurs se poursuivre cette année. Selon les projections réalisées par l’Unédic, le nombre de demandeurs d’emplois de la catégorie A devrait baisser de 138 000 en 2011, mais celui des catégories B et C devrait, lui, augmenter de 150 000… Seule la baisse de 48 000 dans la catégorie des chômeurs dispensés de recherche d’emploi (DRE), permettra, au final, d’afficher une baisse nette à la fin de l’année. Mais la réalité est là : «La reprise passe essentiellement par des emplois à temps partiel, relève Gaby Bonnand, président de l’Unedic. C’est d’autant plus inquiétant qu’il s’agit souvent de contrats de courte durée.»

Quelle que soit leur qualité, une chose est sûre, cependant : les embauches se sont accélérées. Selon l’Acoss (la banque de la Sécu), le nombre total de déclarations d’embauches au premier trimestre 2011 s’est accru de 4,1%, après une hausse de seulement 1,2% et 0,3% aux deux trimestres précédents.

Point haut. Le niveau des embauches de plus d’un mois (+ 7,7%) retrouve même son point haut du premier trimestre 2008, juste avant la crise. Il concerne également l’ensemble des secteurs (+ 8,6% dans l’industrie, + 11,5% dans le bâtiment, + 7,8% dans le tertiaire), et quelle que soit la taille des entreprises. Encore faudra-t-il que cette tendance se poursuive dans les prochains mois, alors que le bon niveau de croissance du premier trimestre (1%) ne devrait pas se répéter d’ici à la fin de l’année.



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