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La Redoute évite de justesse le dépot de bilan

Archives > 2013 > Presse

Source : LE MONDE_25.03.2014

Sauvée à l'arraché. Lundi 24 mars, la cession de La Redoute à ses actuels dirigeants a finalement été entérinée, après cinq jours de bras de fer entre les syndicats et l'ancienne maison mère, Kering (ex-PPR).

Juge de paix dans ce conflit, la CFDT, premier syndicat du groupe (31,4 % des voix), a accepté dans l'après-midi de parapher l'accord sur les mesures sociales qui accompagneront les 1 178 suppressions de postes (la moitié des effectifs hexagonaux) prévus dans le projet de reprise. L'enseigne de Roubaix (Nord) évite ainsi le dépôt de bilan qui la guettait, puisque Kering ne souhaitait plus financer ses pertes chroniques. « La CFDT a pris ses responsabilités », s'est félicité Mario Califano, l'avocat de l'intersyndicale.

Le groupe dirigé par François-Henri Pinault avait conditionné l'opération à un accord majoritaire des syndicats, leur donnant initialement jusqu'au jeudi 20 mars pour se prononcer. La CFE-CGC (22,3 % des voix) avait donné son aval. Mais, au terme d'une réunion houleuse, la CFDT avait, jeudi soir, ajourné sa réponse.

Informé par la direction de La Redoute, le tribunal de commerce de Lille avait accordé un sursis au groupe, jusqu'à lundi soir.

VICTIME DE MENACES DE MORT

« Je suis conscient que la décision qui a été prise est difficile », a concédé Jean-Claude Blanquart, délégué syndical central CFDT, prenant acte de l'opposition farouche d'une partie de ses adhérents à cet accord. Favorable à titre personnel à la signature, le délégué a même avoué avoir été victime de menaces de mort.

Pour parvenir à ce résultat, il aura fallu l'intervention des échelons régionaux et nationaux de la CFDT. Mais surtout la médiation d'Hélène Bourbouloux, administratrice judiciaire – notamment impliquée dans les dossiers Petroplus et FagorBrandt – qui s'est fendue, vendredi 21, d'un courrier pour rappeler aux dirigeants de la CFDT toute la portée de leur décision.

Au terme d'un week-end de discussions entre cédant, repreneurs, direction du travail et syndicats, ces derniers ont pu se prévaloir de deux avancées qui leur ont permis de convaincre leur base.

D'une part, les mesures concernant l'organisation du travail au sein du « nouveau » La Redoute, qui ont déjà été transmises par les dirigeants aux syndicats, devront faire l'objet d'un nouvel accord majoritaire. D'autre part, les 180 millions d'euros placés par Kering dans la fiducie – véhicule ad hoc créé pour sécuriser cette somme – seront disponibles jusqu'en 2024. Ils pourront financer les départs en préretraite qui interviendraient après 2017 et la première vague de suppressions de postes.

« RASSURER LES SALARIÉS ET LES CLIENTS »

Les repreneurs, Nathalie Balla, patronne de La Redoute depuis 2009 et Eric Courteille, secrétaire général de Redcats (l'entité qui dirigeait La Redoute chez Kering), ont reconnu leur soulagement. « Toutes ces étapes permettent, chaque jour, de franchir un pas supplémentaire vers la modernisation de La Redoute », ont-ils indiqué, appelant de leurs voeux à « un climat interne apaisé ».

De fait, au-delà des dissensions de la CFDT, les derniers jours ont été marqués par de vives tensions entre les pro-accords et les anti-accords. Durant tout le week-end, le collectif « Signez pour La Redoute » qui revendique plusieurs centaines de salariés, en a appelé sur les réseaux sociaux aux Français attachés à l'enseigne. De son côté, la CGT s'employait encore, lundi, à mobiliser contre l'accord.

« Les mesures sociales sont aujourd'hui très satisfaisantes. La direction va maintenant devoir rassurer les salariés et les clients de La Redoute en détaillant ses projets de développement », souligne Pascal Catto, secrétaire général CFDT Nord-Pas-de-Calais.

Ne manque plus que l'avis du comité d'entreprise pour que la cession soit effective. En plus des 200 millions d'euros pour les mesures sociales, Kering injectera alors 315 millions d'euros en vue de la modernisation mais aussi de la survie de l'enseigne jusqu'en 2017, date à laquelle les dirigeants visent l'équilibre financier.

Audrey Tonnelier
Journaliste au Monde


 
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