La galère des femmes à temps partiel dans le commerce - US CGT Commerce et Services Paris

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La galère des femmes à temps partiel dans le commerce

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Tribune

Le temps partiel imposé est la principale source d’inégalité salariale entre les femmes et les hommes dans le commerce, et, en fin de carrière, il est une des causes majeures de la pauvreté des femmes retraitées. 70 % des salarié-(e-)s  du secteur sont des femmes et parmi elles, la proportion de temps partiel peut atteindre 80 % dans certaines entreprises.

La loi dite de « sécurisation de l’emploi » du 20 juin 2013, qui a retranscrit l’accord national interprofessionnel (ANI) signé en janvier de la même année, est venue aggraver la situation des salarié-e-s à temps partiel au lieu de l’améliorer. Cette loi est une aubaine pour les employeurs et un grave recul pour les femmes à temps partiel et en particulier pour celles qui travaillent dans le secteur du commerce.

La situation des travailleuses à temps partiel n’était déjà pas enviable avant cette loi. Censé être du « temps choisi » pour qui veut disposer de temps libre, le temps partiel s’est énormément développé depuis les années 1980 et il est imposé dans la plupart des cas, essentiellement à des femmes. Ces femmes, notamment dans le commerce, sont contraintes de travailler parfois 6 jours par semaine pour des salaires allant de 600 à 800 euros nets.

Dans des  magasins alimentaires, comme chez Monoprix (Groupe Casino) par exemple, les salaires avoisinent le SMIC pendant toute la « carrière » et cette entreprise impose encore le travail sur 6 jours, même pour les temps partiels !

Les conditions de travail sont particulièrement pénibles et se sont aggravées ces dix dernières années avec des méthodes d’intensification du travail qui se généralisent dans les magasins : polyvalence imposée, contrôle des rythmes de travail, primes retirées en cas d’absence (même pour maladie !), c’est le lot quotidien des salarié-e-s, qui, de surcroît, sont pour le plus grand nombre logé-e-s loin des centres villes et subissent ainsi des temps de trajet très longs.

A tout cela, la loi vient d’ajouter une contrainte nouvelle : celle d’une flexibilité non rémunérée. Avant la loi, un temps partiel dont on augmentait les horaires par avenant contractuel pouvait bénéficier de 25 % de majoration de salaire. En légalisant le recours à des avenants, 8 fois par an,  la loi permet une flexibilité totale. Loin de bénéficier aux salarié-e-s  à temps partiel, elle risque d’entraîner la généralisation de ce type de contrat. Elle fragilise en outre les protections dont bénéficiaient les salarié-e-s, telles que les majorations ou la requalification du temps horaire. En effet, tout employeur pourra désormais n’embaucher que des temps partiels dont il pourra parfaitement calquer le temps de présence sur les fluctuations de l’activité. Cela permettra de remplacer des salarié-e-s  à temps plein par des temps partiels et des... salaires partiels  !

Nous voulons interpeller  les pouvoirs publics pour exiger comme auparavant l’interdiction du recours à des « avenants » à durée déterminée qui contournent le paiement des heures complémentaires. Nous devons aussi exiger que tout-e salarié-e à temps partiel qui souhaite augmenter son nombre d’heures puisse l’obtenir. La loi le prévoit, mais, comme souvent en matière de protection des salarié-e-s, elle n’est pas appliquée  !

Nous exhortons enfin le gouvernement et le Parlement à s’emparer de la question du sous-emploi des femmes et des bas salaires.  Les femmes ne doivent plus être utilisées comme variable d’ajustement sur le marché du travail.

Ana AZARIA - Femmes Egalité, Laurent DEGOUSEE – SUD Commerce, Karl Ghazi - CGT Commerce Paris -, Clémence HELFTER - Osez le féminisme, Eric SCHERRER – SECI, Maya SURDUTS – CNDF, Alexandre TORGOMIAN-SCID CFDT.

13 décembre 2013


 
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